Chantiers de recherche
Ce projet de recherche partenariale vise à favoriser l’innovation responsable dans les zones d'innovation. Les chantiers 1 à 5 analysent des enjeux clés : les impacts environnementaux, l’intégration territoriale, la trajectoire de développement historique, les transformations géopolitiques et les représentations sociales du futur. Ces chantiers offrent des points de comparaison historiques, géographiques et sectoriels, et servent de base pour concevoir des interventions pratiques adaptées aux besoins des groupes-cibles.
Le sixième chantier, à portée transversale, vise le renforcement des compétences et sur la montée en capacité d’action des acteurs locaux. En développant des formations inclusives et ancrées dans les résultats des autres chantiers, il permet une adoption durable des pratiques d’innovation responsable.
Ensemble, ces chantiers fournissent une compréhension multidimensionnelle des défis de l'innovation dans les zones d'innovation, permettant ainsi une approche plus adaptative et informée.
Des chantiers pour une mobilisation des connaissances
Chantier 1
Enjeux liés aux impacts environnementaux des technologies numériques
Le cadrage des zones d’innovation (ZI) (incluant Technum) part du postulat optimiste selon lequel les transitions numériques et écologiques sont compatibles et complémentaires. Or, ce principe n’est pas à tenir pour acquis : au contraire, sa validité est à évaluer en fonction des caractéristiques situées et de l’évolution incertaine de trajectoires d’innovation technologique complexes. Certains ingénieurs, entrepreneurs ou gestionnaires parmi les plus chevronnés en matière de performance environnementale tendront à envisager une telle promesse technologique avec prudence, notamment par le biais d’approches de modélisation d’impacts reconnues, comme l’analyse du cycle de vie (ACV). D’autres, en revanche, n’entreverront pas que la production ou l’exploitation d’attentes technologiques s’avère toujours une stratégie à double tranchant.
Dans les deux cas, cependant, il importera d’éviter l’écueil fréquent par lequel on en vient en toute bonne foi, mais trop vite, à concevoir une technologie numérique dite « verte » (ou au service de la transition écologique) comme une solution et une finalité souhaitable en soi, politiquement neutre et objectivement bénéfique pour les individus et/ou la société. Une telle compréhension des dynamiques sociales du numérique est erronée, et souvent contreproductive. Elle ignore notamment les effets rebonds des technologies numériques qui sont ici à anticiper : c’est-à-dire, les dynamiques paradoxales par lesquelles une technologie dite « verte », une politique publique ou une stratégie d’économie circulaire destinée à réduire la consommation et lutter contre les changements climatiques se retourne contre elle-même, en annulant une part ou la totalité du gain environnemental escompté.
L’objectif principal du chantier 1 est donc d’évaluer si et à quelles conditions une trajectoire technologique donnée peut soutenir la transition écologique d’un système (une organisation, un parc scientifique, une filière industrielle, un secteur économique, etc.) en fonction des formes de tension qui la constituent.
Chantier 2
Intégration territoriale et gestion des ressources de la Zone d’innovation
Ce chantier s’intéresse à l’insertion de la zone d’innovation (ZI) Technum dans le territoire de Bromont, en mettant l’accent sur la gestion des ressources (hydriques, énergétiques, foncières) consommées, et plus largement sur les flux de matière et d’énergie traversant la ZI. Cette analyse se fait sous
deux angles :
Premièrement, l’étude se concentre sur le partage des ressources avec Bromont et la région, où des tensions et/ou des synergies peuvent émerger, par exemple à travers une gestion commune des déchets ou l’extension du réseau de distribution et de traitement des eaux. L’objectif est d’analyser comment la ZI s’intègre physiquement et économiquement dans la région en plaçant la focale sur les flux de matière et d’énergie qu’elle capte et qu’elle transforme. Cette approche permet de mettre au jour les tensions qui peuvent se développer entre la ZI et les autres acteurs locaux.
Deuxièmement, le chantier se penche sur la capacité des acteurs (entreprises, autorités locales, organisations de la société civile) à identifier, quantifier et visualiser ces flux de matière et d’énergie. Sur le plan scientifique, cet axe de recherche interroge la question de la représentation des flux (Garcier et al., 2017) et des moyens de leur connaissance (Rosini, 2020). Sur le plan pratique, comprendre qui dispose de telles informations et dans quelle mesure cette dernière circule permet en effet de mieux identifier les perspectives de réduction de l’empreinte environnementale de la ZI. Cette démarche vise donc à accompagner les partenaires du projet dans une meilleure prise en compte des enjeux socio-environnementaux que
pose la ZI.
Chantier 3
Analyse historique de la trajectoire de développement de la Zone d’innovation Technum
(1965 à nos jours)
Ce chantier s’intéresse à la dynamique de développement économique du territoire qui s’apparente aujourd’hui à la zone d’innovation (ZI) Technum. Il vise notamment à comprendre comment la trajectoire passée de ce territoire peut renseigner ses promesses d’évolutions futures, à la lumière des expériences d’industrialisation qui y ont été menées, avec leurs réussites et leurs limites. Le chantier se scinde en deux segments complémentaires, se distinguant principalement par le type d’approches utilisées pour étudier les dynamiques du développement économique régional bromontois.
La première approche est historique et s’appuie sur des méthodes et des sources qualitatives (archives municipales, archives de la presse régionale, archives d’entreprises, sources orales). Elle vise principalement à restituer la trajectoire du parc industriel de Bromont, de ses origines au milieu des années 1960 qui se confondent avec celles de la ville à son association récente à la ZI Technum, en passant par sa transformation dans les années 2000 en parc techno-scientifique. La reconstitution de la trajectoire historique du parc nécessitera d’analyser le rôle et les stratégies des principaux acteurs de son développement soit : les autorités municipales, notamment via leur société de développement économique; les grandes et petites entreprises qui y ont été, et y sont encore pour certaines, actives; les institutions éducatives et universitaires en tant que fournisseurs de main d’œuvre qualifiée et d’acteurs de la formation d’un système local d’innovation.
La seconde approche s’inspire de la géographie économique et s’appuie empiriquement sur des méthodes quantitatives, principalement sur la création d’une base de données géolocalisée utilisant le système d’information géographique (SIG). Cette base de données identifie précisément l’emplacement des activités économiques à l’aide de coordonnées géographiques (latitude et longitude). Son principal objectif de recherche est d’étudier les sources et les mécanismes du renouvellement des territoires des zones d’innovation, à travers le cas de la ZI Technum, en décrivant et en identifiant les facteurs et les processus qui, au fil du temps, ont affecté :
la spécialisation et la diversification économique locale de la ZI;
l’entrepreneuriat et la création de nouvelles trajectoires de développement local au sein de la ZI;
la résilience économique locale de la ZI.
Chantier 4
Enjeux économiques et géopolitiques de la relocalisation de la microélectronique
En 2023, les semi-conducteurs sont devenus le quatrième produit le plus échangé au monde. Leur production est le reflet de la mondialisation, avec des composants traversant des milliers de kilomètres avant d’être assemblés. Ces composants sont cruciaux pour les technologies numériques civiles et militaires, les plaçant au cœur des tensions géopolitiques.
De nombreux pays, face aux risques de perturbations de cette chaîne d’approvisionnement, cherchent à rapatrier la production de semi-conducteurs ou à la relocaliser dans des pays alliés. Les États-Unis et d’autres pays ont mis en place des subventions pour attirer cette industrie stratégique.
Ce chantier vise à comprendre les transformations dans la chaîne de valeur des semi-conducteurs à travers trois axes de recherche :
L’analyse des tensions géopolitiques, comme la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, et leurs impacts sur le Canada
et le Québec ;L’étude des nouvelles politiques industrielles adoptées pour la production de semi-conducteurs, en particulier aux États-Unis
et au Canada ;L’examen des stratégies d’investissement des grandes
entreprises multinationales dans ce secteur à la lumière de ces
nouvelles dynamiques.
Chantier 5
Représentations sociales du futur de la zone d’innovation
L’innovation est mue par des attentes, c’est-à-dire par des représentations du futur, qui sont toujours incertaines. Les décideurs politiques et les investisseurs sont à l’affut de la prochaine technologie révolutionnaire, tandis que certaines personnes s’inquiètent des possibles effets pervers d’une nouvelle course technologique. Ces attentes, qu’elles soient positives ou négatives, impulsent une direction à l’innovation en facilitant la mobilisation de ressources pour certaines filières et en multipliant les embûches pour d’autres.
Ce chantier vise à documenter et comprendre l’hétérogénéité des attentes en lien avec la zone d’innovation Technum. À travers l’analyse d’entretiens, de documents médiatiques, d’échanges sur les médias sociaux et de rencontres publiques, il cartographie de façon dynamique comment le futur est représenté par une diversité d’acteurs et sur un ensemble de thématiques.
Cette cartographie est un exercice essentiel dans une démarche d’innovation responsable puisqu’elle sert de base pour les processus anticipatifs et réflexifs.
Chantier 6
Renforcement des compétences
Le chantier 6, grâce à un travail avec les parties prenantes, a pour objectif général d’optimiser la formation des employés des entreprises de la zone d’innovation (ZI) afin que les acteurs de l’innovation s’approprient des pratiques d’anticipation sociale qui sont inclusives, réflexives et réactives. L’objectif du chantier est donc le développement de formations à l’innovation responsable qui soient adaptées aux différents groupe-cibles des interventions de SoZI.
Le chantier s’appuie sur ses propres travaux et sur les résultats des autres chantiers pour accomplir cet objectif au cours des trois années du projet.
Première année : L’accent est mis sur la compréhension des besoins des acteurs de la ZI. Cela permet d’aligner leurs intérêts avec les objectifs de recherche. Le résultat attendu pour cette phase est la création de formations pilotes en innovation responsable, avec un contenu et des méthodes pédagogiques adaptés à chaque groupe.
Deuxième année : Cette phase vise à tester et améliorer les formations. L’objectif est de s’assurer que les modules répondent bien aux besoins des différents groupes concernés, tout en utilisant efficacement les ressources disponibles pour la formation.
Troisième année : L’objectif de cette phase est de garantir l’implantation de ces formations à long terme. Elle vise donc à pérenniser les formations, en continuant à collaborer avec la ZI et potentiellement d’autres zones.