La recherche partenariale bénéficie d’une accélération de momentum depuis les deux dernières décennies au Québec. Mais qu’est-ce que la recherche partenariale et comment le projet de recherche SoZI se positionne sur la question ?

La recherche partenariale désigne de façon générale des projets de recherche où un rapprochement est prévu entre les personnes qui produisent la recherche (les universitaires) et un milieu de pratique potentiellement preneur de cette recherche (entreprises, agences et organismes publiques ou communautaires, milieux cliniques, écoles, etc.).

La notion de recherche en soi introduit une distance entre les personnes qui produisent la recherche et leur objet d’étude (le terrain). Alors que les milieux pratiques se confrontent quotidiennement au terrain, les chercheurs désirent préserver une autonomie face aux intérêts et discours présents sur le terrain. Or, cette situation est porteuse de tension dans le contexte de la recherche partenariale.

SoZI fait le pari que le paradoxe de la recherche partenariale peut être fécond à la fois pour les chercheurs et pour les milieux de pratique.

Pour les milieux de pratique, SoZI promet une critique humble, constructive et bienveillante. Ses activités de collecte de données (p. ex. focus groups, parcours commentés avec les résident.e.s/parties prenantes) solidifient le partenariat et la compréhension mutuelle. Elles deviennent ainsi des activités de mobilisation des connaissances en innovation responsable. Ces activités permettent 1) d’élargir le sens commun du concept d’innovation en dépassant le seul horizon technologique pour y intégrer la notion de responsabilité et 2) de valoriser l’innovation en tant que processus réflexif. Les échanges prolongés sur une longue période avec les partenaires contribuent à faire évoluer leurs connaissances dans leur propre domaine d’innovation. Similairement, les chercheurs seront en mesure d’apprécier pleinement la complexité et les défis du processus d’innovation. 

Pour les chercheurs, SoZI est un laboratoire d’expérimentation pour les études sociales des sciences et des technologies (STS). Les STS se sont développées sur la base de réflexions critiques par rapport à leurs objets d'étude. Cette recherche STS est typiquement conçue comme positionnée à l'extérieur des processus d'innovation technologique. Son rôle consisterait surtout à problématiser les imaginaires et les pratiques dominantes de la technoscience. Un tournant vers la pratique (aussi dite « participation critique ») s'opère toutefois dans le champ des STS, en phase avec les tendances plus générales vers la recherche partenariale et intersectorielle. Suivant ce tournant, une posture de recherche plus réflexive et collaborative se développe et aspire à engager les acteurs de l'innovation technologique (ingénieurs, gestionnaires, entrepreneurs, investisseurs, décideurs publics, etc.) dans des pratiques plus ouvertes de construction du monde, par le biais de cadres conceptuels comme celui de l'innovation responsable. Cette posture s'accompagne toutefois d'un important lot de tensions, p. ex. en matière de traduction, de création de valeur, ou de perception du risque (stratégique, réputationnel, etc.). Via son partenariat avec les zones d’innovation, SoZI s’intéresse en somme aux dynamiques sociales de la recherche STS partenariale.